dimanche 29 janvier 2012

L'image du jour


Voici quelqu'un avec qui je partage la soif du regard : un immense photographe, Walker Evans.
Ce que m'inspire cette image : de plus en plus souvent, j'en viens à me dire que notre monde marche sur la tête…

mercredi 25 janvier 2012

mardi 24 janvier 2012

Extrait du "Passager de l'orage" (suite)



"(…) Nat fit un bond. Devenue soudain plus sombre, la pièce lui parut comme menaçante. Il se força à rire et dit à haute voix :
                 — Un courant d'air ! On dirait que le vent se lève…
Il longea la table pour regagner la porte, tendit la main vers la poignée, saisit la boule de cuivre et la fit pivoter. Rien ne se produisit. Nat tenta de tirer la porte vers lui, secoua la poignée, en vain. Il l'actionna de nouveau, mais elle semblait coincée. Sans la lâcher, il se tourna alors vers le portrait et, pris d'une impulsion aussi soudaine qu'inexpliquée, il murmura à l'adresse d'Herman Cotte :
               — Pardon, c'était pour rire…
Dans sa main, la poignée se libéra avec un petit déclic et la porte s'ouvrit. Surpris, Nat faillit basculer en arrière. Perplexe, il franchit le seuil, puis jeta un dernier regard à la salle grise. Un rayon de soleil traversant la pièce atteignit à cet instant le tableau et vint se poser sur le visage d'Herman Cotte. Nat eut un coup au cœur. L'espace d'une seconde, il lui avait semblé que le coin des lèvres de l'homme s'était légèrement retroussé et qu'une lueur ironique avait allumé son regard…
Jonathan s'éloigna après avoir refermé la porte et décida de ne plus revenir dans la salle à manger."

Le Passager de l'orage, éditions Syros, collection "Rat Noir", pages 147-148

 
 

 

dimanche 22 janvier 2012

Piqûre de rappel (3)


Amateurs de suspense, de frissons, d'étrange et d'épouvante, ne passez pas à côté de ce livre !
Jonathan, 17 ans, passionné de dessin et d'heroic fantasy, est embauché le temps d'un été par une auteur à succès. Spécialisée dans le genre thriller, celle-ci a choisi de venir écrire son prochain roman à Cotteville pour fuir l'agitation de la capitale. Seulement voilà : étant un peu en panne d'inspiration, la dame n'a pas choisi de louer n'importe quelle maison. Elle s'est installée à Cotte House, une vieille bâtisse que plus personne ne veut habiter depuis 25 ans et sur laquelle courent d'étranges rumeurs.
Engagé comme "secrétaire particulier" de l'écrivain, le jeune homme vient habiter chez elle le temps d'un été. L'été de tous les dangers ?…

Extrait :
"Après le déjeuner, ils s'octroyèrent une pause. Katherin alla s'allonger au frais dans sa chambre. Soudain désœuvré, Nat erra un peu dans la maison. Outre la cuisine et le salon rouge, il y avait au rez-de-chaussée une grande salle à manger grise, triste et poussiéreuse, que Katherin avait visiblement renoncé à investir. Jonathan resta quelques secondes sur le seuil, le temps que ses yeux s'habituent à la pénombre. Des rais de lumière oblique pénétraient par les fentes des persiennes, zébrant la pièce d'une curieuse alternance d'ombre et de clarté. Une massive table rectangulaire en occupait le centre, entourée de huit chaises de bois à haut dossier. Jonathan en fit le tour lentement, imaginant une famille réunie ici à l'heure des repas. Le maître de maison siégeait probablement en bout de table, face à la fenêtre. Dans son dos, au-dessus d'un austère buffet en chêne, un imposant portrait au cadre de bois finement ouvragé était accroché au mur, à environ un mètre cinquante du sol. Jonathan s'en approcha pour l'observer attentivement. L'homme du tableau avait un visage aux traits anguleux, au menton volontaire et aux pommettes saillantes. Son front large et haut était surmonté d'une broussaille de cheveux roux. D'épais sourcils de même teinte ombraient légèrement les yeux gris-vert dont le regard perçant semblait fixer intensément quiconque le regardait. Jonathan en éprouva une sorte de gêne qui lui fit porter son attention sur le reste du tableau. L'homme était représenté debout, en costume sombre, au milieu d'une allée. On apercevait derrière lui la façade blanchâtre d'une maison que Nat ne tarda pas à reconnaître. Au centre de la partie inférieure du cadre, il avisa une petite plaque en cuivre sur laquelle on pouvait lire : Herman Cotte, Cotte House, 1910. Ainsi, c'était lui, le fameux architecte… Nat tendit l'index vers l'inscription gravée dans le métal. Lorsqu'il la toucha, il ressentit un picotement désagréable qui le fit reculer instantanément. Levant les yeux vers Herman Cotte, il eut alors l'impression que celui-ci le regardait d'un air sévère. Nat recula encore d'un pas, haussa les épaules et lui tira la langue. Au même moment, la porte de la pièce se referma en claquant. Nat fit un bond."           
(à suivre)
Le Passager de l'orage, éditions Syros, collection "Rat Noir" 2008, p. 146/147



vendredi 20 janvier 2012

La citation du jour


"Nous sommes ennuyés de livres qui enseignent, donnez-nous en pour émouvoir."
                                                                            Agrippa d'Aubigné


mardi 17 janvier 2012

L'homme du jour


Dans tout ce que j'écris, chaque texte, chaque roman, il y a ce qui se voit, mais il y a aussi tout ce qui ne se voit pas. Derrière les lignes de toutes ces pages se dessine, pour qui veut prendre la peine de l'y chercher, le palimpseste de tout ce que j'ai lu, vu, entendu, de tous ces hommes et ces femmes dont j'ai croisé la route et qui ont fait de moi ce que je suis, de tous ceux, vivants ou morts, qui m'ont aidée à avancer, à voir plus loin, à comprendre, à grandir, à progresser, grâce à leurs mots, leurs idées, leurs actes, leur engagement, leur courage, leur humanité.
Parmi eux figure un homme remarquable qui, depuis des années déjà, manifeste pour une "insurrection des consciences", et défend un mode de société plus respectueux de l'homme et de la nature : Pierre Rabhi.
"Au-delà des catégories, des nationalismes, des idéologies, des clivages politiques et de tout ce qui fragmente notre réalité commune, c'est à l'insurrection et à la fédération des consciences que je fais aujourd'hui appel pour mutualiser ce que l'humanité a de meilleur et pour éviter le pire
Cette coalition me paraît plus que jamais indispensable compte tenu de l'ampleur des menaces qui pèsent sur notre destinée commune, pour l'essentiel dues à nos grandes transgressions.
Par "conscience", j'entends ce lieu intime où tout être humain peut en toute liberté prendre la mesure de sa responsabilité à l'égard de la vie et définir les engagements actifs que lui inspire une véritable éthique de vie pour lui-même, pour ses semblables, pour la nature et pour les générations à venir."
Pierre Rabhi, Manifeste pour la Terre et l'Humanisme, éditions Actes Sud, 2008 
 
 

jeudi 12 janvier 2012

Tir au pigeon



Eh bien, oui, je l'avoue, dans Le Signe de K1 je m'en suis pris à ces volatiles qui peuplent nos villes et que certains d'entre vous apprécient peut-être. Je leur ai réglé leur compte, je les ai massacrés, exterminés, ratatinés, humiliés. Avec un malin plaisir - et j'emploie ici le mot "malin" à dessein, car, comme disait mon maître André Gide, "il n'y a pas d'œuvre d'art sans collaboration du démon" - je leur ai envoyé un virus sournois, aussi dévastateur que la peste bubonique, aussi colérique que le choléra.

"Deux camionnettes du service d'entretien de la voirie étaient stationnées sur la place du Capitole. Six hommes vêtus de combinaisons vert foncé et portant d'épais gants de caoutchouc s'activaient au pied des platanes. À l'aide de pinces articulées, ils saisissaient les cadavres de pigeons qu'ils enfournaient ensuite dans de grands sacs-poubelle avant de balancer ces derniers sur le plateau d'un des véhicules. Autour des hommes en vert, des dizaines de plumes grisâtres voltigeaient avant de retomber sur le sol. La benne de chacune des deux camionnettes était déjà pratiquement pleine de sacs en plastique noir bourrés d'oiseaux morts. Le dimanche avait été particulièrement meurtrier. 
               — Impressionnant, non ? fit une voix dans le dos de Pauline. 
La jeune fille tourna vivement la tête. L'œil bleu lui souriait, le marron scrutait l'expression de son visage. Malgré elle, elle sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Depuis une dizaine de jours, à aucun moment elle n'avait eu l'occasion de se retrouver seule avec Luka. 
             — Je dirais plutôt : flippant, répondit-elle en jetant de nouveau un regard sur la place. 
             — Pourquoi ?
             — Je n'aime pas beaucoup ça.
             — Moi, ce sont ces bestioles que je n'aime pas beaucoup. Elles sont cradingues et bouffent     n'importe quoi. Des vrais rats volants."


Le Signe de K1, Tome 1 "Le Protocole de Nod", éditions Syros, collection Soon, pages 139-140


Pour en savoir plus :
http://booknode.com/le_signe_de_k1,_tome_1___le_protocole_de_nod_083226 






mercredi 11 janvier 2012

L'image du jour


                                                  Qui a dit que les jeunes ne lisaient plus ?

mardi 10 janvier 2012

Pratiques Oulipiennes I.


Lorsque je me lance dans l'écriture d'un roman, j'aime bien, de temps à autre, m'accorder une pause, un intermède, et quitter la narration pour l'une ou l'autre de ces fantaisies qu'affectionnaient Raymond Queneau et François Le Lyonnais (lequel, précisons-le, n'a pas grand-chose à voir avec le dernier film d'Olivier Marchal, bien que je l'apprécie beaucoup aussi).
Piochant au gré de mon envie du jour parmi les contraintes décoiffantes que nous propose l'Ouvroir de Littérature Potentielle, il m'arrive donc de produire de petits textes que je cèle ensuite dans d'obscurs carnets connus de moi seule.
En ces temps d'Épiphanie, où chacun souhaite secrètement débusquer la fève tapie au cœur de la frangipane, j'ai donc décidé de vous offrir, ici ou là, un morceau de choix qui, j'espère, réjouira votre amour de la langue à défaut de vos papilles…

Contrainte du S+7, jeu de substitution, détourné ici en S-7.
Texte de départ : la 4e de couverture d'un ouvrage censé nous apprendre à méditer.

"Le but de la méditation est la transformation personnelle. Elle nettoie la pensée de ce qu'on peut appeler les "irritants psychiques" tels que la convoitise, la jalousie, qui nous tiennent enchevêtrés dans une servitude émotive. Et la vie devient paisible au lieu d'être une lutte." 

Texte obtenu :

"Le bulbe de la mèche est la trajectoire périphérique. Elle nettoie la pendule de ce qu'on peut appeler des "imitations prospères", tels que le contretemps, l'irruption, qui nous tiennent emprisonnés dans une serpillière effervescente. Et le vice devient orphelin au lieu d'être une lubie."
Efficace, non ?

dimanche 8 janvier 2012

Piqûre de rappel (2)

Un autre roman qui tient une place à part dans ma production.
Une histoire que je n'aurais probablement jamais écrite si je n'étais pas allée à Berlin en 1984.
Un livre sur nos prisons intérieures, parce que l'enfermement peut prendre bien des formes.
Une invitation à briser les murs…

http://www.encres-vagabondes.com/magazine/gratiaswall.htm

http://www.babelio.com/livres/Gratias-Breaking-the-Wall/176656

http://www.lexpress.fr/culture/livre/breaking-the-wall_831060.html

vendredi 6 janvier 2012

Piqûre de rappel (1)

En ces temps de reprise des cours après de (toujours trop) courtes vacances, j'ai envie de vous parler d'un roman écrit il y a maintenant quelques années, mais qui occupe une place un peu à part dans mon travail, sans doute parce qu'il a marqué un tournant. C'est avec lui que, pour la première fois, j'ai remporté des prix littéraires (neuf en tout !), et pas des moindres : le Prix Sésame de St Paul-Trois-Châteaux, le Prix "22, v'là les polars"de Lamballe, le Prix des collèges du Territoire de Belfort… Et je dois dire que cela m'a beaucoup encouragée à continuer !
Ce roman, c'est Une Sonate pour Rudy, au titre en forme d'hommage, à travers lequel j'ai fait l'étrange expérience de me mettre dans la peau d'un garçon de quinze ans. Ce garçon, c'est Nicolas, élève de troisième confronté pour la première fois à la violence au collège. Se confiant dans trois cahiers successifs, il nous raconte son année de troisième. Lorsque nous ouvrons le livre, tout a déjà eu lieu, mais nous ne le comprendrons que plus tard. "Tout", c'est-à-dire l'inévitable, l'irréparable, mais aussi, sur fond de musique et d'espoir, cet enchaînement inéluctable d'épreuves initiatiques qui mènent un adolescent vers l'âge d'homme.
Un roman qui conduit le lecteur de surprise en surprise.
Un roman riche en émotions.
Un roman qui ne vous laissera pas indemne.
Je vous souhaite une excellente lecture (ou relecture ) !

http://www.encres-vagabondes.com/magazine/gratiasrudy.htm

jeudi 5 janvier 2012

Confession

© Claire Gratias


"Jamais je n'ai écrit une histoire dont je connaissais le déroulement. J'ai toujours été, écrivant, comme un lecteur qui fait la connaissance d'un paysage ou de personnages dont il découvre le caractère, la biographie, la destinée. Je n'ai jamais écrit mes romans, je les ai lus."
Louis Aragon

mercredi 4 janvier 2012

Scoop

Voici où se passera l'action de mon prochain roman…
Mais naturellement, ce ne sera pas dit ouvertement.
Seuls les lecteurs les plus avertis (et les plus fidèles) le sauront !
Et, bien sûr, ceux qui ont lu Le Signe de K1 ne seront pas surpris…
Ambiance maritime au programme, donc.
Et je vous préviens : vous n'êtes pas au bout de vos surprises…

dimanche 1 janvier 2012

2011 is dead


Nous voici enfin en 2012.
2011 n'est plus. Paix à son âme.
J'ignore pourquoi, j'ai toujours détesté le nombre 11. Ces deux bâtons idiots dressés l'un à côté de l'autre, droits comme de bons soldats au garde-à-vous. Et puis ce nom qui sonne comme un bourdonnement agaçant, "onze", ni vraiment "ose", ni vraiment "bonze", bref, inintéressant.
2012 sera l'année du Dragon. Ça tombe bien, c'est mon signe en astrologie chinoise. On raconte qu'il inspire les écrivains et les soutient dans leur création… Affaire à suivre, donc.
Bonne année à tous !