jeudi 9 février 2012

Derrière la porte…

                                                       © claire gratias

En relisant certains de mes textes, je me suis aperçue que le thème de la porte revenait fréquemment.
Porte close sur une pièce mystérieuse dans Une Sonate pour Rudy, porte se fermant toute seule dans Le Passager de l'orage (voir extrait cité le 24 janvier), porte de la chambre froide où se retrouve enfermé un personnage dans ce même roman, portail quantique permettant de voyager dans le temps dans Le Signe de K1, porte de Brandebourg à Berlin dans Breaking The Wall…
Des portes qui claquent, des portes gardant des secrets, des portes qu'on aurait mieux fait de ne pas ouvrir, des portes que l'on franchit au péril de sa vie ; des portes qui enferment et d'autres qui libèrent… mes pages en sont truffées !
Symbole du lieu de passage entre deux états, deux mondes, entre le connu et l'inconnu, les ténèbres et la lumière, la porte nous invite au franchissement, donc au dépassement de notre condition.
"Quand on vit à côté d'une porte fermée, comment s'empêcher d'imaginer ce qu'il y a derrière ? Je n'aimais pas cet appartement. Je le trouvais moche, triste, vieillot. Finalement, son seul intérêt, c'était cette porte fermée. Tu te souviens de Barbe-Bleue, Rudy ? Une pièce interdite, dans une maison, on finit par ne plus penser qu'à ça. À force de passer devant tous les jours, on sent grandir l'envie de savoir. L'envie de passer de l'autre côté, de franchir la limite. Bientôt, cette envie devient un besoin. On se dit que oui, décidément, il faut qu'on sache. Pourtant, curieusement, ce besoin est contrebalancé par une envie opposée : celle de ne pas savoir. Car savoir, c'est être déçu. Tant qu'on reste du côté autorisé, on peut imaginer. Tout ce qu'on veut. Le sanglant cabinet de Barbe-Bleue comme la caverne d'Ali Baba. Un passage secret. La quatrième dimension. Absolument tout. La porte fermée signifie une infinité de découvertes possibles. Mais une fois qu'on en aura franchi le seuil, on saura. On ne pourra plus jamais imaginer telle ou telle chose. On connaîtra la vérité. Il n'y aura plus de place pour le rêve. La réalité l'aura détrônée. Une seule réalité. Réduisant à néant toutes celles qu'on avait imaginées. Désormais il n'y aura plus qu'elle. On ne pourra même plus jouer à faire comme si."
                                   Une Sonate pour Rudy, éditions Syros, collection "Rat Noir", p. 71-72

Pour finir, une anecdote :
c'est avec Une Sonate pour Rudy, roman commençant par "Cette porte fermée à clé, ça m'a tout de suite énervé." que j'ai remporté mon premier prix littéraire, le Prix… Sésame !

7 commentaires:

  1. Eh bien super, continuez donc à ouvrir des portes sans discontinuer et à nous faire rêver, on ne demande rien de plus ! :)

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  2. Ça tombe bien : c'est au programme ! Et j'aurai bientôt du nouveau à vous annoncer, hé, hé, hé…

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  3. Wah c'est trop joli cet extrait ! :') J'adore et c'est tellement vrai !
    Un livre, c'est une porte aussi... une porte vers un autre monde ! Donc aucun écrivain ou auteur ne peut dire 'je n'ai jamais écrit quoi que ce soit qui ressemble à une porte, décrit une porte, raconte une histoire autour d'une porte'... une histoire EST une porte !

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